Le nom ancien de Villemoutiers, « Villa monasterii », ne permet aucun doute sur son origine. La localité eut pour berceau un prieuré . Il survécut à ses nombreuses vicissitudes jusqu’à la Révolution qui supprima en bloc tous les ordres religieux.
Dès le temps des Normands des moines de Ferrières, pour échapper aux mauvais traitements, vinrent se réfugier à Villemoutiers où ils fondèrent un monastère de Bénédictins qui releva par la suite de l’abbaye de Vézelay. Mais à l’époque des guerres de religion, les troupes de Coligny campées à Châtillon-sur-Loing ruinèrent le couvent et l’église (1558). Le monastère fut relevé en partie. A la Révolution, il fut acquis par un ancien moine nommé Patrault, un mathématicien distingué qui avait eu Bonaparte comme élève à l’école de Brienne. Il l’avait suivi plus tard dans ses campagnes d’Italie, puis il était revenu à Villemoutiers, où il s’éteignit en 1816.
L’ancien prieuré devint, en 1841, la propriété du peintre Mailand qui en fit une résidence gracieuse et célèbre. II en restaura les fenêtres ogivales. La chapelle qui a été transformée en grange conserve des vestiges de colonnes et trois fenêtres en ogive. Deux tourelles ont été ajoutées au nouveau château du prieuré. L’une renferme l’escalier et l’autre une tourelle en encorbellement rapportée de Paris en 1854. C’était l’ancien oratoire de la reine Blanche, situé rue Coq-Héron, et démoli quand on a construit la rue de Rivoli. On voit au Prieuré d’autres débris archéologiques dont une pierre qui fut donnée au couvent en 1424 par « Philippe Le Fèvre, en son vivant changeur et bourgeois de Paris ». Mr Mailand est mort en 1880.
L’église restaurée en 1880 ne conserve du XIV siècle que son clocher. Sous la Terreur elle fut pillée. Ses cinq cloches et ses vases sacrés furent emportés à Montargis pendant qu’on brûlait les croix et les ornements sur la place. Les habitants suivaient secrètement la nuit la lecture des offices religieux. Le jour, ils étaient contraints de chanter et de danser autour de l’arbre révolutionnaire, que l’on avait coiffé du bonnet phrygien, pendant que la femme du pays qui représentait la déesse Raison se tenait sur l’autel-tabernacle sculpté de l’ancien prieuré.
Au cimetière, se trouve une croix commémorative de deux enfants de Villemoutiers tués au lieu dit Paturanges, en novembre 1870.
Ref : Histoire générale illustrée des départements : Le Loiret Edition de 1910, (Maurice Pignard-Péguet)