La tradition orale veut que cette église ait été construite à la suite d’un voeu fait par les carriers et tailleurs de pierre qui, après les heures de travail passées à la construction de l’abbaye cistercienne Notre Dame de Cercanceaux sur cette même paroisse, venaient construire cette église. Cette église est l’oeuvre d’un peuple.
Sa conception doit en être "lue" comme un élément du prieuré bénédictin fondé au XIIe siècle dans le prolongement de la primitive église Sainte Marie de Souppes elle même du XIe siècle et dont il reste les chapiteaux, leurs tailloirs et quelques colonnes engagées des jambages du portail d’entrée. Ce portail primitif de Sainte Marie de Souppes va devenir l’entrée du prieuré.
Cette église est donc de style gothique naissant de la fin du XIIe siècle, gothique sobre du choeur et ses piliers tout en jaillissement qui, assurant une parfaite retombée des poussées de la voûte, expliquent l’excellent état de conservation de cette église.
Toujours à "lire" comme élément du prieuré, le portail au sud. Il permet aujourd’hui l’entrée des fidèles par la place. Jusqu’en 1843, le portail ouvrait sur la rue des Mariniers qui passait entre l’église et le cimetière, date à laquelle le cimetière fut déplacé et permit de dégager cette place. Le pignon ouest, entrée normale des églises, est occupé par l’entrée de la communauté monastique.
Le portail sud est encadré de chapiteaux très finement traités, leur corbeille est entourées de feuilles longues avec de nombreuses et minces nervures, les crochets qui commencent à naître à cette époque, sont formés dans les chapiteaux du côté gauche, par des têtes humaines, et dans ceux du côté droit par le retroussis des feuilles. Sur le tympan, on aperçoit encore des traces de peinture, de même sur les piliers intérieurs d’ailleurs, comme la plupart des églises du moyen-âge ; celle-ci était peinte. Quelques signes de tailleurs de pierre sur les piliers encadrant la 2e travée côté jardin du prieuré.
Le pignon ouest a été reconstruit en 1250 pour réduire les dimensions de l’église, trop vaste pour la communauté paroissiale de l’époque. Il est donc aujourd’hui d’un style gothique plus avancé du XIIIe siècle.
Sur deux belles fenêtres divisées par un meneau formant deux lancettes surmontées d’une rose à 4 redents, à profil simplement chanfreinés sont caractéristiques du XIIIe siècle. Les 2 fenêtres ont malheureusement été à demi bouchées pour y installer la tribune.
Dans ce mur pignon ouest se trouvait la porte de communication entre le prieuré et l’église. Cette porte a été obstruée en 1896 par la pierre tombale de François Brulart. Cette communication explique que, à la différence de beaucoup d’églises, le portail d’entrée des paroissiens se trouve donc au sud et non à l’ouest.
Cette porte du pignon ouest est à l’usage de la petite communauté monastique qui monte ainsi chaque jour vers ce choeur éclairé par le soleil levant de l’est. Une vraie montée "vers la lumière", diffusée par les vitraux du choeur (à voir le matin) !
Tout cet édifice est d’une grande sobriété. Les contreforts et les encadrements des portes et des fenêtres sont seuls construits en pierre de taille, le remplissage est en moellons. La travée centrale est faite d’une ossature plus robuste que les autres travées. Les doubleaux et les formerets sont plus forts et reposent sur le piliers plus saillants. Tout cela semble avoir été conçu pour supporter une tour à cheval sur l’église, ce qui confirmerait le fait que les contreforts extérieurs correspondant sont eux-mêmes plus importants et montent plus hauts que la corniche. L’escalier en tourelle montant au clocher est accolé à cette travée centrale au nord, côté jardin du prieuré. Sur ce côté nord, à hauteur de l’abside, était la maison du prieur démolie au XIXe siècle parce que trop vétuste, pour reconstruire un presbytère dans le jardin, aujourd’hui maison paroissiale. Une galerie interne au prieuré courait à l’extérieur sur le côté nord de l’église et permettait de joindre la maison du prieur avec les petits bâtiments monastiques sous le pignon ouest.
A l’extérieur, des têtes décoration entourent la corniche de l’abside.
Toute cette construction est en belle pierre de Souppes, non gélive, blanchissant avec le temps : celle même qui a été utilisée pour construire le Sacré-Coeur de Montmartre à Paris dès 1876 et la statue de Sainte Geneviève sur le pont de la Tournelle en 1926, pour ne citer que deux des nombreux monuments ou bâtiments parisiens construits en pierre de Souppes.
Le clocher, belle flèche de charpente élevée sur deux murettes montées sur la voûte a été refait en 1876 et en 1985. Les vitraux du choeur sont de 1894 et ont été offerts par la famille Velluot Gallopin.
Les croix rouges sur les piliers indiquent que cette église à été consacrée (11 mai 1894).
Cette église est aujourd’hui dédiée à Saint Clair de Cologne (Cologne près de Toulouse). Il est mieux connu sous le nom de Saint Clair d’Aquitaine.
En effet, ce "Saint Clair", évêque africain ou d’une église d’Orient, fut appelé par le pape vers le début du IIe siècle pour l’évangélisation des Gaules. Il arriva en Aquitaine et la première ville où il prêcha fut Cologne, d’où son nom. Il fut martyrisé et décapité à Lectoure, près de Toulouse. Ses reliques recueillis à Autun furent ramenées à Sainte Eulalie de Bordeaux à la demande de Charlemagne pour les préserver des pillages sarrasins.
Des relations ont bien existé entre Souppes et l’Aquitaine dès le XIe siècle mais ceci est insuffisant pour justifier les reliques de Saint Clair à Souppes... Des recherches sont encore nécessaires...
Le mobilier intérieur :
Très beau retable du XVIe siècle provenant peut-être de l’abbaye cistercienne de Cercanceaux ; la chaire et la balustrade de la tribune sont du XVIIIe et proviendraient de la dernière église du Boulay, paroisse rattachée à Souppes en 1791.
Les seigneurs de Souppes résidaient dans leur château du Boulay. Lors d’une réparation faite en 1715, ils placèrent leurs armoiries sur la clé de voûte de la dernière travée : à gauche, les armoiries de Benigne du Trousset d’Héricourt (de sinople à un lion d’or, armé et lampassé de gueules) ; à droite, celles de son épouse Marguerite Bouzitat de Courcelles ( de gueules au chevron d’or accompagné de 3 tours d’argent ; les 2 écus sont surmontés d’une couronne centrale : définition à préciser...).
Les pierres tombales de Denise du Boulay et celle de François Brulart, placées au fond de l’église proviennent de la primitive église du Boulay dédiée à Notre Dame du Boulay et furent placées là en 1896. Une autre pierre d’un cultivateur date du XVIe siècle.
Une belle statue de la Vierge du XVIIe pour représenter Sainte Marie de Souppes et offerte par l’abbé Benard.
Des statues de Saint Clair, Saint Léger (patron secondaire de la paroisse) et Sainte Thérèse.
Une photo de la Fontaine Saint Clair, ancien lieu de pèlerinage, sur laquelle a été construite l’école des filles en 1906.
4 tableaux dans le choeur : Saint Vincent, Saint Roch et Saint Eloi (XVIIIe), Jésus guérissant un aveugle ( XVIIIe) en relation avec le Saint patron de cette église et l’ancien pèlerinage : "c’est Jésus qui fait voir clair", Vierge à l’enfant (XIXe), Sainte Famille (XVIIe).
Souppes a été de tous temps réputé pour le nombre de reliques que contient son église.
Dans le choeur, deux petits reliquaires en bois doré ramenés de Sens le 20 mai 1807. Placés sous les vitraux de Saint Clair et Saint Léger, ils contiennent les reliques de neuf martyrs chrétiens. Ces reliques proviennent des cimetières souterrains de Rome (catcombes). Les pièces les authentifiant sont di XVIIe siècle, les reliquaires sont sans doute de la même époque
Sources : Paroisse de Souppes-sur-Loing