La Galissonne
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L’association La Galissonne créée à St-Germain-des-Prés, le 29 Novembre 1995 affiliée FFRandonnée.
Elle a pour but de tracer des sentiers de promenades et d’animer des randonnées pédestres.
Elle a une vocation culturelle et de mise en valeur du patrimoine local.

Amilly la Mère-Dieu

par claudeh

DE LA CHAPELLE DE LA MERE-DIEU A L’ARBRE DE LA FRATERNITE

Soumise théoriquement aux Dominicaines depuis 559 ans, Amilly n’était donc en rien préparée à une révolution prochaine. Sans doute, d’après la vente de 1790, les Dames d’Amilly possédaient encore en propre « 3 maisons à la Léthumières pour 4 042 livres, 58 arpents de prés à La Chise pour 41 156 livres, le moulin Charrier estimé 7 000 livres, la maison de La Justice pour 2 200 livres et 17 arpents de bois pour 4 000 livres au Bois des Dames ». Elles n’avaient cessé de vendre et leur régime débonnaire ne préparait ni aux grandes revendications ni à une ferme défense de l’état de choses existant qui était surtout un aimable laisser-aller. Or, d’un coup, en septembre 1792, les couvents étaient fermés. D’un coup les 1 360 habitants d’Amilly (débarrassés de La Chaussée) passaient de l’état de terre ecclésiastique à celui de commune.

Rien ne peut alors s’y opposer : le seul opposant avoué, Viénot de Vaublanc, député de la Seine-et-Marne à l’Assemblée Législative en 1791, a vu ses biens saisis et vendus 118 305 francs et parcourt la France à pied pendant la Terreur. Sans être toujours attachée aux religieuses qui partent, la population s’aperçoit qu’elle l’était à la bonhomie de leur administration. D’autant que les premiers pas de la vie communale s’effectuent dans des circonstances peu propices. En août 1793, moins d’un an après le départ des religieuses, la disette était grande, les esprits surexcités et l’approvisionnement réduit à se faire en arrêtant les voitures de blé ou de farine qui passaient. C’est alors que des habitants de la cour de La Mère-Dieu, dit-on, arrêtèrent un convoi de grains, se livrant à des voies de fait sur les gardes nationaux qui l’accompagnaient.

Or, à Montargis, on était sous le coup de la proclamation exaltée faite aux gardes par Benou, procureur de la commune. A la nouvelle de l’incident, relativement mineur, la garde nationale de Montargis se prend d’effervescence et cette surexcitation est aisément canalisée par le procureur qui sentait que le sanctuaire de la Mère-Dieu gardait son emprise sur des Montargois. Aussi le 28 août, la garde nationale de Montargis, armée de 2 pièces de canon, et à laquelle s’était joint un détachement de chasseurs mandés en hâte, organise une véritable expédition contre les habitants de la Mère-Dieu et du Bourg d’Amilly, intervention maladroite réalisée dans des conditions peu honorables.

Le rapport indique qu’ « on s’empara des mutins ; on détruisit la chapelle de La Mère-Dieu, on brisa la cloche de l’église d’Amilly… puis on rentra triomphalement à Montargis en chantant la « Marseillaise » et en emportant comme trophées les débris de la cloche, un drapeau et un tambour ».Il oublie évidemment quelques sévices aux hommes, quelques violences aux femmes et quelques incendies aux maisons, heureusement circonscrits. Telle fut l’« affaire d’Amilly » dont le registre de la « Confrairie de la Mère-Dieu », clos en mars 1793, révèle de façon inattendue un aspect des circonstances. Une note volante de l’abbé Massé, alors curé d’Amilly, indique à la fin du registre qu’il a dit à nouveau les messes du samedi à La Mère-Dieu en juillet et septembre. Donc, depuis l’été les sentiments anciens reprenaient vigueur ; en août, par contre, aucune manifestation religieuse car on s’attendait à une réaction des gardes nationaux, et en septembre, malgré les destructions du 28 août, reprise du culte comme pour narguer les gardes vraiment maladroits.

On voit ainsi jusqu’où allaient, de part et d’autre, les passions. A la suite de cette expédition montargoise, les habitants d’Amilly de tous bords montraient une grande animosité contre ceux de Montargis qui s’avisèrent que lâcher les « mutins » prisonniers ne suffisait pas : c’était presque la guerre civile entre les deux communes. Cet état de choses ne prit fin que le 10 octobre où, sur l’initiative du représentant du peuple Pignon, il y eut, pour adoucir les rapports, une grande fête de réconciliation à Amilly.
Les Montargois, venus avec le désir de faire oublier le 28 août, plantèrent près de l’église l’Arbre de la fraternité qui existait encore récemment. C’était un symbole. Mais la réaction thermidorienne donna vite en tous points raison aux Amillacois : le 29 juillet 1794, les Montargois eux-mêmes brûlaient en effigie Benou dont les excitations avaient été le ferment de cette insolite querelle.

Extrait du journal n°1 de la ville d’Amilly de 1966


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